À Blåvand, sur la côte ouest du Danemark, une mystérieuse faille cruciforme a pris possession du sol : le musée TIRPITZ, extension du Vardenmuseerne, lieu d'exposition de cette cité balnéaire, partiellement installé dans un ancien bunker allemand de la seconde Guerre Mondiale. Une réhabilitation originale et surprenante, signée du jeune prodige et enfant du pays, Bjarke Ingels, de l'agence BIG.

Ce « musée invisible » est conçu à l'antithèse de la massivité du blockhaus positionné à l'entrée du site, où se trouvait la structure d'accueil d'origine. La découverte de l'institution ne commence pourtant pas ici, mais quelques pas seulement de la massive structure en béton, dans son pendant souterrain imaginé par l'agence BIG. Pour pénétrer cette forteresse il faut en effet au préalable empreinter l'une des quatre délicates entailles faites dans la toiture plantée, tel un sol qui semble avoir été soulevé par cette saignée vitrée cruciforme, dont les baies sont les seules sources de lumière naturelle. Des incisions brutes, nettes, réalisées telles des cicatrices laissées par la guerre dans cette région du Danemark, que leur concepteur n'hésite pas à comparer à une croix faite sur une pomme de terre afin d'y mettre du beurre. Une métaphore qui peut paraître décalée au vue de l'histoire de Blåvand, mais qui relie pourtant l'édifice à la terre, et donc au lieu, tout comme les matériaux choisis par Bjarke Ingels : le verre (issu de la transformation du sable), le béton et acier laminé à chaud, à l'image du blockhouse, tourelle d'un projet avorté de mitraillette XXL.

Ce point cardinal donne accès à l'entrée du lieu, à sa cafétéria et à sa boutique, et à l'escalier métallique permettant de rejoindre l'espace muséal situé en contrebas, sur un seul niveau. Cette zone de croisement à l'air libre trouve ainsi son pendant juste en-dessous avec une aire qui sert à la fois à séparer et réunir le long corridor menant au binker et les trois salles d'exposition qu'elle héberge dédiées à des exhibitions temporaires, à l'histoire locale et à l'ambre, dans une scénographie réalisée par l'agence néérlandaise Tinker imagineers.

« Les galeries sont intégrées aux dunes comme une oasis ouverte dans le sable, un contraste frappant avec le monolithe en béton de la forteresse nazie. [...] Le bunker reste le seul point de repère d'un héritage sombre, pas si lointain. » Bjarke Ingels, architecte

TIRPITZ, dont le nom reprend celui du plus grand navire de guerre d'Europe à l'époque de l'édification du bunker, agit sur le site comme l'histoire agit sur le spectateur : il est ancré à son territoire, à un passé douloureux, et tente de s'en détacher petit à petit, en créant une expérience mémorielle et sensorielle. Un ensemble qui semble avoir pleinement tenu ses promesses puisque l'objectif de 100 000 visiteurs par an a été atteint en seulement deux mois.

Pour en savoir plus, visitez le site de BIG et de Tinker imagineers.

Photographies : Mike Bink Photography



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