AAVP Architecture : Less

Les dents creuses sont l'occasion de redynamiser les traits d'une ville lorsqu'elles sont soumises à des projets de densification. Elles sont de véritables sujets d'architecture et d'urbanisme. Non loin du canal Saint-Martin, Vincent Parreira et son équipe y répondent par un programme mixte mêlant équipements sportifs et logements sous une façade dessinée par de généreuses loggias habillées de mélèze.

La parcelle, longtemps restée vide de toutes constructions en dur, souffrait de ses utilisations précédentes. Les activités, presque industrielles, avaient laissé une empreinte polluée sur la parcelle à laquelle il a fallu répondre par de longs et précieux travaux sur le sol. Une fois cicatrisée elle a pu accueillir 69 logements, un gymnase et une salle de danse au cœur d'un projet dessiné par Vincent Parreira.

"Implanté le long du passage Delessert dans un volume semi-enterré, l'équipement induit des contraintes qui fondent les particularités du projet." Vincent Parreira

Situé passage Delessert dans le 10e arrondissement de Paris, le projet installe le gymnase dans un niveau semi-enterré. Un volume conséquent qui reste amplement éclairé par de la lumière naturelle grâce aux façades vitrées depuis la rue et la cour. Au même niveau, une salle voisine est offerte à la pratique de la danse. Sous les équipements, le programme s'est doté d'un étage de parking, une obligation encore présente lors des esquisses. Les logements commencent à partir du premier niveau. Ils concilient et conjuguent leurs trames avec celle, structurelle, des grandes salles situées au-dessous. Les poutres portant sur plus de 20 mètres deviennent les murs de refend. Les portiques ont été répartis de manière à ne pas entamer la diversité des typologies souhaitées.

Des duplex familiaux, avec double hauteur dans les séjours, se combinent avec toute une série de surfaces allant du studio étudiant au T5. L'équipe de conception a par contre offert à chacun un espace extérieur permettant de profiter un maximum des qualités du site. Toutes les loggias sont situées sur la rue et cadrent, dans une composition habillée de mélèze, le théâtre et la paysage offerts par la capitale : des vues dégagées sur les toits et les monuments de Paris pour les étages supérieurs, un dialogue plus intime avec les autres bâtiments du quartier pour les autres. Grâce à ces loggias, le projet parvient à conjuguer les échelles de la ville et de la rue à celles de l'intimité et de l'habitation. L'espace extérieur, en plus d'être à vivre, offre une transition et une mise à distance permettant d'ouvrir le logement par de larges baies vitrées.

La distribution des logements s'est installée sur les façades sur cour. Un grand vide en cœur d'ilot, laissé libre par les choix d'implantation du projet, est en partie occupé par les coursives. En structure légère, elles n'encombrent pas le lieu et laissent circuler l'air et la lumière. Chaque accès aux appartements devient une promenade où le cœur des ilots voisins se dévoile. Elle débute depuis l'un des deux halls d'entrée et se termine par une passerelle, comme un ultime seuil, attribuée à chacun des logements.

"Regardant plutôt du coté des pittoresques parcours domestiques de Mon Oncle de Jacques Tati, ou des ambiances de Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock, le bâtiment se veut autant une machine à habiter qu'une machine à voir." Vincent Parreira

Photographies : Luc Boegly

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